dimanche 9 février 2014

Théâtre | Mme Dodin

D'après Marguerite Duras
Mise en scène de Véronique Kapoian-Favel

L'humour acerbe de la concierge Mme Dodin, qui donne son nom à la pièce, a fait mouche à tous coups jeudi soir dernier, lors de la première au Théâtre 145, qui accueille le spectacle jusqu'au samedi 15 février. Les traits d'esprit fusaient et les rires de même. Qui eut cru qu'un texte de Marguerite Duras pouvait renfermer tant de drôlerie ? Il faut dire que Véronique Kapoian-Favel, qui assume avec panache le rôle de Mme Dodin, et Sarah Fourage ont su adapter pour la scène la nouvelle de l'auteure de L'Amant. Ce type d'entreprise présente souvent le risque de la désincarnation. Rien de tel ici.

Mme Dodin, une concierge ulcérée par ses locataires
Depuis six ans, Mme Dodin est concierge et ce qui cristallise son activité, ce sont les poubelles. Ces poubelles, ou plutôt les locataires de l'immeuble qui ne les descendent pas assez régulièrement, elle les houspille à longueur de journée parce que « les locataires, c'est tous des salauds rapport à leur concierge ». Leitmotiv qui arrache des salves de rires à un public conquis par le personnage dont la mauvaise foi réjouit.

Les différentes nuances du rire
Mais sous le rire percent les exaspérations légitimes d'une classe mécontente de sa condition, à l'image de Gaston le balayeur. Ce jeune homme insatisfait entretient avec la vieille concierge une relation ambiguë que la société corsetée des années 50, incarnée ici par Mademoiselle Mimi, la voisine d'en face, regarde d'un œil effrayé. Qu'à cela ne tienne, Gaston et Mme Dodin se jouent la comédie, s'offrent une dignité par les mots, qu'ils savent magner avec méticulosité.
Autour de leur manège, la mise en scène se fait maligne en lorgnant, notamment, du côté du cinéma : belles petites surprises qui savent se glisser à point nommé sous forme de clin d'œil. À noter également le bruitage qui accompagne parfaitement la rugosité désopilante de la concierge et qui active sans lourdeur le comique de répétition. Les gonds de la porte de Mme Dodin sont sans doute aussi peu huilés que ne l'est son tempérament insolent !

A.D.


© Stéphanie Nelsen

Compte rendu critique
Pièce vue le 08/02/2014

Théâtre 145
Samedi 8 février - 20h30
Mardi 11 et mercredi 12 février - 19h30
Jeudi 13, vendredi 14 et samedi 15 février - 20h30

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