mercredi 19 février 2014

Théâtre | Immortels

Texte et mise en scène de Nasser Djemaï

Lors de la première de sa nouvelle création, Immortels, à la MC2, mardi 18, Nasser Djemaï était là, qui surplombait les gradins, prenant la température de la Salle de Création. Devant lui, quelques adolescents observaient les jeunes comédiens sur une scène qui leur renvoyait en miroir leurs états d'âme, leurs troubles de futurs adultes. Car ce qui est au cœur de la pièce, c'est bien la manière dont on appréhende sa propre identité quand cette dernière se fait mouvante, insaisissable, flottant entre deux âges. 
Mais la finalité n'est pas documentaire : « La jeunesse m'intéresse en tant que mythe. », affirme Nasser Djemaï, auteur du texte et metteur en scène. Et en effet, les personnages se présentent comme des figures allégoriques, fragmentaires : l'une exerce son attraction sensuelle sur les garçons, l'autre cherche à se fondre dans le décor, l'autre encore n'a de répit que quand il joue avec toutes les limites... Autour d'eux, gravitent d'autres parcelles d'identités adolescentes, qui cherchent une unité dans le clan.
Mais il y a aussi la mort, celle de Samuel, étrangement tombé d'un toit, suite à une nuit d'ivresse. Le hic, c'est que le jeune homme ne buvait pas... Son frère, Joachim, mène alors l'enquête en s'infiltrant dans sa bande, en se glissant dans ses vêtements, au sens propre comme au figuré.

Le mélange des registres
La pièce mêle donc quête initiatique et enquête, intègre quelques pointes de merveilleux, et s'enrichit même d'une réflexion sur la crise économique. La petite bande travaille aussi la question de l'engagement : que faire face à ce monde gouverné par une finance invisible et pourtant implacable ? Autour de cette question, se règlent les comportements, là aussi très dessinés, pour ne pas dire caricaturaux. C'est la force et la limite du propos qui se fait parfois assez lourdement didactique comme lorsque les membres de la bande créent un jeu de rôle autour de la faillite financière de la Grèce, façon « la crise pour les nuls ». Pour autant, les variations d'atmosphère allègent ces petits traités grâce à une scénographie habile. La vidéo, notamment, intervient avec finesse pour offrir un écran au souvenir. Jolies séquences d'émotion. Et le grossissement des traits permet quelques échappées burlesques – très appréciées du jeune public – portées par Clémence Azincourt (Linda) et Jean-Christophe Legendre (Isaac).

A.D.


© Mariodel Curto
Compte rendu critique
Pièce vue le 18/02/2014

MC2: Grenoble

du 18/02/2014 au 22/02/2014

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