C’est l’Afrique qui frappe à ta porte !
Ce vendredi, alors que la Belle électrique
accueille certaines des émissions phares de France Inter, les tontons Soro Solo
et Vladimir Cagnolari mènent le bal à La Source à partir de 20h30. Les
irremplaçables animateurs de l’Afrique enchantée (le dimanche sur France Inter
de 17h à 18h) tournent depuis quatre ans avec les Mercenaires de l’Ambiance, un
orchestre représentatif des différentes régions du continent. Un petit bout
d’Afrique donc, servi par l’énergie de Vlad et Solo en ambianceurs survoltés.
Vlad et Solo répondent à mes questions alors que la
rédaction de France Inter, comme l’ensemble du pays, est endeuillée. Charlie
Hebdo est sur toutes les lèvres. On pleure Cabu, Wolinski, Charb, Honoré,
Tignous, Oncle Bernard et les autres. Mais aussi tristes soient les tontons, leur parole est
pleine de chaleur, d’humour. Elle secoue notre torpeur comme la « musique
à transpirer » de l’orchestre du
bal de l’Afrique enchantée ! La parole aux tontons.
Qui sont ces « Mercenaires
de l’Ambiance » ? Est-ce vous qui avez formé cet orchestre ?
Vladimir Cagnolari : « Il
faut bien dire qu’avec Solo, on est plus mélomanes que musiciens. Donc on a
confié la direction de l’orchestre à mon frère Christophe et à Florent Briqué
parce qu’ils sont vraiment dans la partie. Ils sont tous les deux les chefs
d’orchestre du bal et ont participé au recrutement de cet orchestre spécialement
formé pour le Bal de l’Afrique enchantée.
Il est composé de onze musiciens et
chanteurs auxquels il faut ajouter Solo et moi qui sommes sur scène, qui
animons, qui ambiançons comme on dit, et Hortense, notre nièce. On a notre mot
à dire même si on n’est pas des professionnels. On tenait beaucoup à ce que les
membres de l’orchestre viennent de différentes régions de l’Afrique et aussi de
France. C’est un peu comme l’Afrique enchantée. Moi je suis Français, Solo est
Ivoirien. On mélange les points de vue. »
Quel type de répertoire l’orchestre va-t-il jouer ?
Vlad : « Le répertoire
a évolué depuis les débuts en 2010. Ce qu’on va jouer à Grenoble, c’est un
répertoire qu’on a renouvelé entièrement en cours d’année. C’est toujours le
même esprit qui domine : essentiellement des standards africains, des
années 60 à 80, qui pour la plupart sont des morceaux très connus en Afrique.
On a de nouveau dans ce répertoire-là été chercher dans des zones moins connues
pour le public francophone puisqu’on a ajouté des morceaux qui viennent d’Angola
ou bien du Zimbabwe qu’on entend un petit moins ici. Mais il y a toujours une
dominante de rumba congolaise, un moment d’afrobeat dans le bal et à chaque
fois, ce sont toujours des morceaux très connus pour les mélomanes africains.
Mais l’idée du bal, c’est
vraiment que si vous ne connaissez rien à la musique africaine, il y a une
telle diversité de styles et de régions du continent qui sont représentés que
c’est une très belle initiation. Et si vous connaissez déjà un peu voire
beaucoup, vous aurez plaisir à retrouver des standards qu’on peut encore
entendre sur certains disques mais qu’on n’entend plus du tout en live surtout
avec ce genre d’orchestre-là. Parce qu’en Afrique, avec la crise économique des
années 80 qui a évidemment touché le monde de la culture, les grandes
formations qu’on trouvait dans les capitales ont commencé à péricliter faute de
mécènes, faute de producteurs. Quand leur musique est jouée, elle est parfois
reprise mais par des petits bands, parfois avec un synthé qui fait les cuivres,
la boîte à rythme… ce n’est plus la grande orchestration qu’il y avait
autrefois avec deux guitares, des percussions, de la batterie, des cuivres...
Il y a aussi cette dimension qu’on a envie de mettre en avant, on veut remettre
à l’honneur cette grande période musicale africaine postindépendance.
Et il y a quand même deux, trois
morceaux issus du répertoire propre des musiciens et une chanson originale sur
les successions dynastiques en Afrique créée pour le bal. »
Pendant les trois heures de
concert, vous êtes sur scène, vous y faites quoi ?
Vlad : « La 1ère
chose, c’est qu’on danse comme tout le monde parce que c’est difficile d’y
résister. Et surtout on est là pour raconter des histoires à propos des
chansons parce qu’avec Solo, on a choisi aussi le répertoire en fonction de ce
qu’il nous permet de raconter de l’Afrique. On emmène les gens dans une petite
histoire résumée du continent, en tout cas depuis les indépendances. Ce sont de
petits flashs. C’est moins bavard quand même qu’à la radio parce que le
principe c’est qu’on ne perde pas le tempo de la danse. Par petites touches, on
raconte ce que la chanson veut dire ou ce qu’elle a signifié au moment où elle
a été faite. On part des indépendances en arrivant à une période plus récente
en essayant de montrer différents visages de l’Afrique. On a une image tellement
misérabiliste de l’Afrique qu’on oublie qu’il y a eu aussi des périodes plus
fastes, plus heureuses. Solo en parle en particulier parce qu’en Côte d’Ivoire,
il y a eu l’équivalent de nos trente glorieuses – plutôt vingt glorieuses –
mais ça a quand même été une période très prospère. On essaye aussi de montrer
ce visage-là – un peu comme on le fait dans l’émission – sans jamais cacher les
réelles difficultés parce que comme dit Solo, on ne peut pas cacher le soleil
avec la main. »
Pour des hommes de radio comme
vous, ça fait quoi d’aller à la rencontre du public comme ça ? (A ce moment de l'entretien, Solo nous
rejoint dans un éclat de rire.)
Soro Solo : « Quand on
fait de la radio, le public est dans notre imaginaire. Se retrouver sur scène,
c’est finalement transformer le virtuel en concret. Et on a aussi l’effet du
trac, on se demande si on va être en forme, si on saura être en communion avec le
public. Et finalement la musique est le meilleur vaccin pour tous les maux de
ce genre. Quand la note sonne, ça aide et ça nous porte pour affronter le trac
qui nous gagne.
Vlad : « C’est super
aussi de voir la figure des gens qu’on ne voit jamais, les voir sourire, les
voir danser. Et puis dans les bals, il y a souvent une partie du public qui
sont des auditeurs de l’Afrique enchantée et d’autres qui découvrent l’émission
aussi comme ça. Donc c’est aussi le moment de faire connaissance. »
Et l’émission l’Afrique enchantée,
elle en a encore pour longtemps ?
Vlad : « En tous cas,
on est là jusqu’au mois de juin. C’est tous les ans comme ça, donc on
prend ça avec philosophie et puis en attendant on fait de la radio. »
En dehors de votre émission, vous
avez des projets en solo ?
Vlad : « On fait tous
les deux des petites choses à côté. Solo a fait des voix off pour toute une
série pédagogique qui doit être diffusée en Afrique. »
Solo :
« Exact, une série télévisée pour Dakar. Mais en terme de projet, que
ce soit pour la radio ou que ce soit pour nous-même, on a envie d’aller dans
deux endroits, la Nouvelle Orléans et puis Haïti. » [S’ensuit une longue liste des
lieux que les deux compères rêvent de découvrir, entrecoupés de rires
communicatifs.]
Vlad : « On fait tous
les deux des petites bricoles à côté mais il faut quand même dire que la radio et, l’air de rien, les bals nous prennent pas mal de notre temps ! Mais on
reste toujours à l’affût pour faire des choses à côté. »
Propos recueillis par A.D. (Entretien réalisé le jeudi 8 janvier 2015)
Propos recueillis par A.D. (Entretien réalisé le jeudi 8 janvier 2015)
La composition des Mercenaires de
l’Ambiance :
Bisou Bass (basse), Florent
Briqué (trompette), Christophe Cagnolari (saxophone), Ballou Canta (chant),
Kandy Guira (chant), William Monkama (percussions), Florian de Junnemann
(guitare), Philippe Monange (claviers), Michel Pinheiro (trombone, chant), Christian
Templet (batterie), Abdoullaye Traoré (guitare).
Direction du peloton : Christophe
Cagnolari
© Christophe Livonnen
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La Source Fontaine
Vendredi 16 janvier
20h30
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