jeudi 5 mars 2015

Théâtre | Un été à Osage county

Texte de Tracy Letts
Mise en scène et scénographie de Dominique Pitoiset

© Cosimo Mirco Magliocca

Au théâtre, il est rare que le spectateur ait à balayer du regard le décor en un long travelling pour en prendre la mesure. La scénographie panoramique imaginée par Dominique Pitoiset pour « Un été à Osage County » semble pousser les bords du théâtre pour mieux prendre ses aises. À l’intérieur, toutes les pièces de la maison des Weston sont là, qui prennent des allures de Cluedo géant, à mi-chemin entre stylisation et réalisme pointilleux.


Le thermomètre et les tensions à leur paroxysme
On est en Oklahoma, c’est l’été. La température échauffe des esprits qui n’ont vraiment pas besoin de ça. Le patriarche du clan Weston, alcoolique patenté, a disparu depuis quelques jours quand toute la famille débarque pour soutenir Violet Weston, sa femme (veuve ?) accro aux médicaments, fielleuse au possible. Elle a toujours un mot bien senti pour mortifier chacun des membres de sa famille, au premier rang desquels on pioche les trois filles, toutes âgées d’une quarantaine d’années.

Une pièce inédite en France
C’est la première fois que la pièce qui valut à Tracy Letts (lui-même natif de l’Oklahoma) le prix Pulitzer est représentée en France. Elle a récemment fait l’objet d’une adaptation au cinéma avec, notamment, Meryl Streep et Julia Roberts. Mais là où Meryl Streep (dans le rôle de Violet Weston) chargeait la barque tragique d’un personnage déjà suffisamment outré, Annie Mercier (qu’on a notamment pu apprécier à la MC2 dans Par les villages, de Stanislas Nordey, la saison dernière) offre une partition délicieuse, d’une grande drôlerie. C’est bien là que se distinguent les deux lectures de la pièce. Le réalisateur John Wells plongeait à corps perdu dans le drame familial alors que Dominique Pitoiset en révèle, outre la noirceur, les aspects drolatiques.

Plus rigolo que mélo
La tendance parfois excessivement mélodramatique du texte (cette famille collectionne réellement toutes les tares possibles !) est allégée par l’humour de la mise en scène et par le talent de ces formidables comédiens dont on ne citera pas tous les noms (ils sont onze sur scène). Notons cependant que Caroline Proust (qui interprète la très attachante capitaine Berthaud dans la série Engrenages) n’a rien à envier à Julia Roberts dans le rôle de la sœur aînée. Son jeu énergique souligne à point nommé le piquant des répliques de l’auteur américain.

A.D.
(Pièce vue à la MC2 le 04/03/2015)


Un été à Osage County
Du 04/03 au 06/03

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