D'après Marguerite Duras
Mise en scène de Véronique Kapoian-Favel
L'humour acerbe de la
concierge Mme Dodin, qui donne son nom à la pièce, a fait mouche à
tous coups jeudi soir dernier, lors de la première au Théâtre 145,
qui accueille le spectacle jusqu'au samedi 15 février. Les traits
d'esprit fusaient et les rires de même. Qui eut cru qu'un texte de
Marguerite Duras pouvait renfermer tant de drôlerie ? Il faut
dire que Véronique Kapoian-Favel, qui assume avec panache le rôle
de Mme Dodin, et Sarah Fourage ont su adapter pour la scène la
nouvelle de l'auteure de L'Amant. Ce type d'entreprise
présente souvent le risque de la désincarnation. Rien de tel ici.
Mme
Dodin, une concierge ulcérée par ses locataires
Depuis six ans, Mme Dodin
est concierge et ce qui cristallise son activité, ce sont les
poubelles. Ces poubelles, ou plutôt les locataires de l'immeuble qui
ne les descendent pas assez régulièrement, elle les houspille à
longueur de journée parce que « les locataires, c'est tous des
salauds rapport à leur concierge ». Leitmotiv qui arrache des
salves de rires à un public conquis par le personnage dont la
mauvaise foi réjouit.
Les
différentes nuances du rire
Mais sous le rire percent
les exaspérations légitimes d'une classe mécontente de sa
condition, à l'image de Gaston le balayeur. Ce jeune homme
insatisfait entretient avec la vieille concierge une relation ambiguë
que la société corsetée des années 50, incarnée ici par
Mademoiselle Mimi, la voisine d'en face, regarde d'un œil effrayé.
Qu'à cela ne tienne, Gaston et Mme Dodin se jouent la comédie,
s'offrent une dignité par les mots, qu'ils savent magner avec
méticulosité.
Autour de leur manège,
la mise en scène se fait maligne en lorgnant, notamment, du côté
du cinéma : belles petites surprises qui savent se glisser à
point nommé sous forme de clin d'œil. À
noter également le bruitage qui accompagne parfaitement la rugosité
désopilante de la concierge et qui active sans lourdeur le comique
de répétition. Les gonds de la porte de Mme Dodin sont sans doute
aussi peu huilés que ne l'est son tempérament insolent !
A.D.
© Stéphanie Nelsen
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Compte rendu critique
Pièce vue le 08/02/2014
Théâtre 145
Samedi 8 février - 20h30
Mardi 11 et mercredi 12
février - 19h30
Jeudi 13, vendredi 14 et
samedi 15 février - 20h30
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