Texte et mise en scène de Nasser Djemaï
Lors de la première de
sa nouvelle création, Immortels, à la MC2, mardi
18, Nasser Djemaï était là, qui surplombait les gradins, prenant
la température de la Salle de Création. Devant lui, quelques
adolescents observaient les jeunes comédiens sur une scène qui leur
renvoyait en miroir leurs états d'âme, leurs troubles de futurs
adultes. Car ce qui est au cœur de la pièce, c'est bien la manière
dont on appréhende sa propre identité quand cette dernière se fait
mouvante, insaisissable, flottant entre deux âges.
Mais la finalité
n'est pas documentaire : « La jeunesse m'intéresse en
tant que mythe. », affirme Nasser Djemaï, auteur du texte et
metteur en scène. Et en effet, les personnages se présentent comme
des figures allégoriques, fragmentaires : l'une exerce son
attraction sensuelle sur les garçons, l'autre cherche à se fondre
dans le décor, l'autre encore n'a de répit que quand il joue avec
toutes les limites... Autour d'eux, gravitent d'autres parcelles
d'identités adolescentes, qui cherchent une unité dans le clan.
Mais il y a aussi la
mort, celle de Samuel, étrangement tombé d'un toit, suite à
une nuit d'ivresse. Le hic, c'est que le jeune homme ne buvait pas...
Son frère, Joachim, mène alors l'enquête en s'infiltrant dans sa
bande, en se glissant dans ses vêtements, au sens propre comme au
figuré.
Le
mélange des registres
La pièce mêle donc
quête initiatique et enquête, intègre quelques pointes de
merveilleux, et s'enrichit même d'une réflexion sur la crise
économique. La petite bande travaille aussi la question de
l'engagement : que faire face à ce monde gouverné par une
finance invisible et pourtant implacable ? Autour de cette
question, se règlent les comportements, là aussi très dessinés,
pour ne pas dire caricaturaux. C'est la force et la limite du propos
qui se fait parfois assez lourdement didactique comme lorsque les
membres de la bande créent un jeu de rôle autour de la faillite
financière de la Grèce, façon « la crise pour les nuls ».
Pour autant, les variations d'atmosphère allègent ces petits
traités grâce à une scénographie habile. La vidéo, notamment,
intervient avec finesse pour offrir un écran au souvenir. Jolies
séquences d'émotion. Et le grossissement des traits permet quelques
échappées burlesques – très appréciées du jeune public –
portées par Clémence Azincourt (Linda) et Jean-Christophe Legendre
(Isaac).
A.D.
© Mariodel Curto |
Compte rendu critique
Pièce vue le 18/02/2014
MC2: Grenoble
du 18/02/2014 au 22/02/2014
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