Imaginé et interprété par : Gilles Cailleau, de la Cie Attention fragile
Mise en scène : Luc Chambon
À La Mure en 2002, Gilles
Cailleau jouait pour la première fois Le tour complet du cœur. Il
prédisait lui-même à son spectacle une courte vie. « Trop long »
serait le verdict qui tomberait, pensait-il alors. Heureusement, il se
trompait.
Longue vie au spectacle
Le 31 mars dernier, au parc
Lesdiguières de Seyssinet Pariset, la 583e du spectacle se jouait
sur la scène de sa petite roulotte, ceinte d’une tente marocaine pouvant
accueillir une cinquantaine de personnes. Jusqu’au 4 avril, les représentations
affichent complet. Une rumeur plus que favorable précède invariablement la
venue du spectacle. Et pour cause, le plaisir que l’on prend à voir Gilles
Cailleau, de la compagnie Attention fragile, assumer seul la totalité du
répertoire shakespearien est immense.
Shakespeare digest ?
Un tour complet des 37 pièces de
Shakespeare ? Non, bien sûr. Mais un tour complet des émotions que charrie
l’œuvre du dramaturge, assurément. Plus encore, un tour complet de toutes les
manières de conter, déclinées avec une délicieuse malice. Les pièces, dont la
liste s’inscrit sur un tableau noir, sont rayées à mesure qu’elles sont jouées,
chantées, narrées, survolées (avec une désinvolture que goûtent indubitablement
jusqu’aux plus grands puristes du théâtre élisabéthain). Instruments de
musique, ébauches de marionnettes, masques, jeux d’illusion, acrobaties… ne
sont pas des ornements mais bien des modes de narration à part entière. C’est
le plaisir noble et simple de s’entendre raconter des histoires qui en est
décuplé.
L’essence du théâtre forain
Le concept même – car après tout
pourquoi relever un tel défi ? – prend sens, encadré par un récit qui en
dit long sur l’amour que porte l’artiste Gilles Cailleau au théâtre forain,
dont il se réclame à juste titre. Il se présente comme le repreneur d’un
spectacle déjà existant, celui d’Antoine Garamond (à prononcer le front et le
phrasé hauts), comédien qui avant lui, reprenait l’œuvre du grand Shakespeare
aidé (contre leur gré ?) de ses deux fils, dont le petit John, âgé de tout
juste 9 ans. Le comédien Gilles Cailleau interprète donc cet attachant tyran et
sa descendance jouant sur les planches de cette même roulotte qu’il arpente à
son tour. Du Shakespeare dans le Shakespeare ! Les morceaux de bravoure
assumés par le petit John sont irrésistibles (humour, empathie, improvisation
débridée, émotions de toutes sortes comprises).
Alors guettons l’éventuel retour
de ce spectacle en nos contrées. Peut-être pour la millième. Qui sait ?
A.D.
Spectacle vu le 31/03/2015
© Jean-Francois Gaultier |
Co-accueil L’Heure bleue
Du 31 mars au 4 avril
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