Texte de Tracy Letts
Mise en scène et scénographie de Dominique Pitoiset
© Cosimo Mirco Magliocca
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Au théâtre, il est rare que le spectateur ait à balayer du
regard le décor en un long travelling pour en prendre la mesure. La scénographie
panoramique imaginée par Dominique Pitoiset pour « Un été à Osage County » semble pousser les bords du théâtre pour
mieux prendre ses aises. À l’intérieur, toutes les pièces de la maison des
Weston sont là, qui prennent des allures de Cluedo géant, à mi-chemin entre
stylisation et réalisme pointilleux.
Le thermomètre et les
tensions à leur paroxysme
On est en Oklahoma, c’est l’été. La température échauffe des
esprits qui n’ont vraiment pas besoin de ça. Le patriarche du clan Weston,
alcoolique patenté, a disparu depuis quelques jours quand toute la famille
débarque pour soutenir Violet Weston, sa femme (veuve ?) accro aux
médicaments, fielleuse au possible. Elle a toujours un mot bien senti pour
mortifier chacun des membres de sa famille, au premier rang desquels on pioche
les trois filles, toutes âgées d’une quarantaine d’années.
Une pièce inédite en
France
C’est la première fois que la pièce qui valut à Tracy Letts
(lui-même natif de l’Oklahoma) le prix Pulitzer est représentée en France. Elle
a récemment fait l’objet d’une adaptation au cinéma avec, notamment, Meryl
Streep et Julia Roberts. Mais là où Meryl Streep (dans le rôle de Violet
Weston) chargeait la barque tragique d’un personnage déjà suffisamment outré,
Annie Mercier (qu’on a notamment pu apprécier à la MC2 dans Par les
villages, de Stanislas Nordey, la saison dernière) offre une partition
délicieuse, d’une grande drôlerie. C’est bien là que se distinguent les deux
lectures de la pièce. Le réalisateur John Wells plongeait à corps perdu
dans le drame familial alors que Dominique Pitoiset en révèle, outre la noirceur,
les aspects drolatiques.
Plus rigolo que mélo
La tendance parfois excessivement mélodramatique du texte (cette
famille collectionne réellement toutes les tares possibles !) est allégée
par l’humour de la mise en scène et par le talent de ces formidables comédiens dont
on ne citera pas tous les noms (ils sont onze sur scène). Notons cependant que
Caroline Proust (qui interprète la très attachante capitaine Berthaud dans la
série Engrenages) n’a rien à envier à Julia Roberts dans le rôle
de la sœur aînée. Son jeu énergique souligne à point nommé le piquant des
répliques de l’auteur américain.
A.D.
(Pièce vue à la MC2 le 04/03/2015)
Un été à Osage County
Du 04/03 au 06/03
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